15/11/2018
Assurer, contractualiser

Jean-Christophe Debar, directeur de la fondation FARM

En théorie, tout est parfait. L’agriculteur qui achète une assurance climatique sécurise ainsi son revenu en cas de perte de rendement due par exemple à une sécheresse ou une inondation. Il est également incité à investir sur son exploitation pour augmenter sa production, d’autant plus qu’il obtient plus facilement un crédit bancaire. Avec ces atouts, les assurances climatiques devraient être souscrites en masse. Mais dans beaucoup de pays, en particulier en Afrique, la réalité est bien différente.

Dans la pratique, en effet, la commercialisation des polices d’assurance agricole se heurte à plusieurs obstacles : méconnaissance des mécanismes assuranciels par les agriculteurs, manque de confiance dans les assureurs, dysfonctionnement de certaines assurances indicielles, montant élevé des primes…. Les subventions de primes versées dans certains pays, ou encore la vente des assurances par l’intermédiaire des coopératives ou des distributeurs d’intrants, permettent de réduire les coûts, mais ne résolvent qu’une partie des problèmes.

Une voie prometteuse est celle de l’agriculture contractuelle. Les entreprises de transformation qui passent un contrat avec des producteurs pour l’achat de leur récolte sont souvent confrontées à un non-respect des engagements de livraison. Lorsque les cours montent, certains agriculteurs n’hésitent pas à vendre au plus offrant, mettant l’entreprise en situation de ne pas pouvoir honorer ses propres engagements avec les acheteurs d’aval. Pour fidéliser les agriculteurs, les transformateurs leur proposent généralement une palette de services – fourniture d’intrants, conseil technique, formation… - qui peut inclure une assurance climatique. C’est ce que fait la Société de développement des fibres textiles (SODEFITEX) vis-à-vis des producteurs de coton sénégalais, comme l’a exposé Malick Ndiaye, directeur général de la Caisse nationale de crédit agricole du Sénégal (CNCAS), lors du dernier congrès de la CICA à Berne.

Le couplage de l’assurance climatique à la contractualisation offre de multiples avantages. Pour les entreprises, qui ont la garantie que les producteurs pourront, même en cas d’aléa, rembourser les intrants mis à leur disposition. Pour les agriculteurs, qui n’ont pas à avancer le montant de la prime d’assurance, car celle-ci est généralement préfinancée (et parfois même subventionnée) par l’entreprise. Pour les assureurs, enfin, qui accroissent considérablement leur clientèle tout en minimisant leurs coûts de transaction. Ainsi s’enclenche un cercle vertueux. Fortes du succès obtenu avec l’assurance climatique, certaines entreprises, comme la société cotonnière NWK en Zambie, ont étendu le dispositif à l’assurance vie.  

01/08/2018
Un Congrès de la CICA riche de promesses

Du 22 au 24 octobre 2018 à Berne (Suisse):
Un Congrès de la CICA riche de promesses

C’est à Berne, capitale du canton éponyme et ville fédérale de la Suisse que se tiendra le prochain Congrès de la CICA à l’invitation de l’Office Fédéral de l’Agriculture (OFAG) et de la Banque RAIFFEISEN. Ces deux institutions, qui figuraient en 1950 parmi les membres fondateurs de la CICA réunis à Zurich, accueillent cette année pour la première fois la grande rencontre annuelle de notre association.

Le programme est particulièrement prometteur :

Une première journée consacrée à des visites de terrain qui permettront de découvrir différents aspects et de l’agriculture, de l’agro-alimentaire et des entreprises suisses de services à l’agriculture.

La matinée du 23 octobre sera consacrée aux interventions officielles de MM. Schneider-Ammann, membre du Conseil fédéral en charge de l’économie, et Ammann, Conseiller d’Etat et directeur de l’économie publique du Canton de Berne, ainsi qu’à la présentation de l’agriculture et des politiques agricoles suisses par M. Lehmann, Directeur général de l’OFAG. L’agriculture du Canton de Berne sera présentée par M. Hofer.

L’après-midi du 23 octobre sera entièrement dédiée à la question de l’innovation en agriculture, avec un panel rassemblant des intervenants de très haut niveau et modéré par M. Kohli, sous-directeur de l’OFAG.

La matinée du 24 octobre sera d’abord consacrée à une présentation de la Banque RAIFFEISEN par M. Gantenbein, président de son Conseil d’administration, et à une présentation du système bancaire suisse par le Professeur Brunetti, de l’Université de Berne, ancien conseiller fédéral. Puis un panel réunissant MM. de Boissieu (Université Paris I Panthéon-Sorbonne), Brassac, Directeur général de Crédit Agricole SA, Durand, Directeur général de la Confédération nationale du Crédit Mutuel, ainsi que MM. Brunetti et Gantenbein, traitera des changements intervenus dans les systèmes et l’économie bancaire depuis la crise de 2008. Ce panel sera modéré par M. Brunel, Secrétaire général de Crédit Agricole SA.

L’après-midi du 24 octobre sera consacrée au développement de l’assurance agricole, avec une confrontation d’expériences de tous les continents. Cette réunion est organisée dans le cadre de la préparation du Congrès mondial de 2019, à New-Delhi, en Inde.

Enfin, l’Assemblée générale de la CICA se tiendra au cours de la même après-midi du 24 octobre.

par Joseph d'Auzay, Secrétaire général