06/12/2017
Le mot du Président

Après les rencontres de Québec

Avant de revenir sur nos Rencontres de Québec, j’ai le plaisir de vous présenter le nouveau site internet de la CICA, www.cica.ws, dont nous avions décidé la rénovation l’an dernier. Nous le ferons vivre, en particulier avec l’aide de nos partenaires de la Fondation FARM, pour qu’il soit une vitrine de notre association et un outil d’échanges. Echanges entre nous, sur les politiques agricoles et toutes les questions qui intéressent l’agriculture, l’agro-alimentaire, la ruralité et leur financement. Echanges aussi avec nos amis des Associations internationales régionales de crédit agricole et rural, en Afrique, en Asie, au Proche-Orient, en Afrique du Nord et en Amérique latine, dont l’action au service du développement est digne de l’intérêt et du soutien de tous.

Les Rencontres 2017 de notre Confédération, qui se sont tenues à Québec à la fin octobre, ont été d’une richesse reconnue par tous. Je veux en remercier tout particulièrement notre adhérent, La Financière agricole du Québec, ainsi que nos amis du Mouvement Desjardins, qui se sont mobilisés de façon exceptionnelle pour le préparer. En remercier aussi La Coop fédérée, le grand groupe coopératif agricole du Québec, qui s’est engagé à nos côtés.

Premier thème figurant au programme : « agriculture et changement climatique ». Le réchauffement climatique est devenu l’affaire de tous. Il affecte nos agricultures, partout sur la planète, en raison de la multiplication des phénomènes extrêmes : sécheresses, tempêtes, inondations, etc…

Mais au-delà de ce constat, les échanges de Québec ont permis d’expliquer le paradoxe auquel nous sommes confrontés. D’une part, l’agriculture et l’élevage sont responsables, à l’échelle de la planète, d’environ un quart des émissions de gaz à effet de serre. C’est considérable et nous avons donc un défi à relever pour réduire ces émissions. Mais à l’inverse, l’agriculture est aussi l’un des remèdes possibles les plus puissants au réchauffement climatique. De tout cela, nous avons débattu à Québec, avec des scientifiques de renom, des dirigeants et experts d’entreprise et d’organisations professionnelles, des dirigeants de banques et de compagnies d’assurance. Toutes leurs interventions sont disponibles sur notre site.

Deuxième thème de notre Congrès, tout aussi actuel : l’actualité politique et économique internationale à l’horizon 2018-2020, à la suite des changements politiques majeurs qui se sont produits depuis un an : élection de Donald Trump, Brexit, volonté de relance européenne, tensions à l’Est, au Proche-Orient et en Asie, etc… Les défis se sont multipliés, qui influent sur la marche du monde et le climat des échanges et des affaires. Toutes les interventions sur ces sujets sont aussi sur notre site.

Enfin, nos Rencontres ont donné lieu aussi à un « atelier » très important entre nos institutions et organisations sur les initiatives de coopération et de développement international que nous conduisons.

De tous ces échanges, de la forte participation enregistrée à ces Rencontres de Québec, nous pouvons tirer une légitime satisfaction. La CICA a été à la hauteur de sa mission : permettre des rencontres riches d’intérêt sur l’agriculture et l’état du monde entre dirigeants d’institutions bancaires, financières et d’assurances venus de tous les continents.

Jean-Marie Sander

05/12/2017
Changement climatique: l'agriculture victime, coupable...et solution

Changement climatique : l’agriculture victime, coupable… et solution

Jean-Christophe Debar, directeur de la fondation FARM

Pluie, grêle, sécheresse… : l’agriculture est l’une des activités les plus exposées aux caprices de la météo. Mais la relation qu’elle entretient avec le changement climatique, c’est-à-dire le réchauffement de l’atmosphère et le bouleversement du régime des précipitations dus aux émissions anthropiques de gaz à effet de serre (GES), est complexe. Si la culture et l’élevage sont victimes de la modification du climat, ils y contribuent également et offrent des solutions pour y remédier.

Selon les experts qui sont intervenus au Congrès de la CICA, à Québec, les événements extrêmes comme la grande sécheresse qui frappe actuellement l’Afrique de l’Est, les inondations ou les cyclones devraient se produire plus fréquemment dans l’avenir. A vrai dire, le changement climatique est déjà à l’œuvre : il explique, pour une bonne part, la stagnation des rendements du blé observée en France. Sur tous les continents, il risque d’entraîner une baisse de productivité de la plupart des cultures et, pour certaines d’entre elles, comme le caféier et la vigne, un déplacement de leur zone de production. Des pays comme le Canada pourraient toutefois bénéficier de la hausse des températures et étendre leur surface cultivée.     

L’agriculture est aussi partiellement responsable du dérèglement climatique, car elle contribue pour 15 % aux émissions globales de GES. Encore ce chiffre inclut-il seulement les rejets de méthane par le bétail et les rizières, ainsi que le dégagement de protoxyde d’azote par les sols fertilisés et les effluents d’élevage. Il atteint environ 25 % si l’on prend en compte la déforestation, souvent pratiquée pour implanter des cultures. Et il augmente encore si l’on raisonne à l’échelle des filières agro-alimentaires, en intégrant les quantités de gaz carbonique émises lors de la fabrication des intrants, la consommation de carburant par les équipements agricoles, ainsi que la transformation, le transport et la distribution des denrées.

L’agriculture doit donc à la fois s’adapter aux modifications du climat et transformer ses pratiques pour rejeter moins de GES. Si certains leviers d’action sont spécifiques à l’adaptation au changement climatique (comme la sélection de variétés résistantes à la sécheresse) ou à son atténuation (comme l’agriculture de précision, qui permet de réduire les applications d’intrants), il est intéressant de constater que les systèmes de production qui visent à augmenter le taux de matière organique dans le sol, par exemple en supprimant le labour ou en associant plus étroitement les cultures et l’élevage, remplissent simultanément ces deux objectifs. Une augmentation du stock de carbone dans les terres agricoles permet en effet d’accroître leur fertilité et leur capacité de rétention d’eau, tout en ralentissant la concentration, dans l’atmosphère, du gaz carbonique provenant des activités humaines. C’est l’un des messages clés du Congrès : grâce à la recherche et l’innovation, l’agriculture peut fournir des solutions contre le dérèglement climatique en adaptant son modèle productif, tout en garantissant la sécurité alimentaire, à condition d’être accompagnée par les banques, les compagnies d’assurance et des politiques publiques incitatives.