27/02/2018
Agriculture africaine : la longue route de Malabo

Agriculture africaine: la longue route de Malabo  

Jean-Christophe Debar, directeur de la fondation FARM

En juin 2014, les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine (UA), réunis en Guinée équatoriale, adoptaient la « Déclaration de Malabo sur la croissance et la transformation accélérées de l’agriculture en Afrique pour une prospérité partagée et de meilleures conditions de vie ». Ils prenaient ainsi une série d’engagements, à l’horizon 2025, visant essentiellement à renforcer les investissements dans ce secteur, éliminer la faim, réduire la pauvreté de moitié et tripler le commerce intra-africain des produits et services agricoles. Pour « traduire rapidement ces engagements en résultats », la Déclaration invitait les autorités compétentes à « mener, tous les deux ans, à partir de 2017, un processus d’examen de l’Agriculture et faire rapport sur les progrès accomplis à la Conférence [de l’UA], en sa session ordinaire de janvier 2018 ».    

L’échéance a été respectée : le premier rapport bisannuel a été présenté aux gouvernants africains le 29 janvier. Mais ses conclusions sont préoccupantes. Si des progrès notables en matière de développement agricole et de sécurité alimentaire ont bien été réalisés en 2015 et 2016, « l’Afrique, globalement, n’est pas en voie d’atteindre les engagements de Malabo ». Sur les 47 pays membres de l’UA (sur un total de 55) qui ont fourni les données nécessaires au calcul des 43 indicateurs de performance élaborés par les experts, 20 seulement pourraient concrétiser les objectifs fixés en 2025. Le Rwanda vient en tête, devant le Mali et le Maroc. Au niveau sous-régional, l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe semblent en mesure de respecter leurs engagements, tandis que l’Afrique centrale, l’Afrique du Nord et l’Afrique de l’Ouest marquent le pas.

Les indicateurs révèlent plusieurs points faibles. En 2016, seuls 10 Etats membres ont alloué à l’agriculture au moins 10 % de leurs dépenses publiques, comme ils l’avaient promis ; 12 ont financé la recherche agricole à hauteur d’au moins 1 % de la valeur du PIB agricole ; 18 ont vu leur PIB agricole croître d’au moins 6 % par an. Enfin, 9 pays ont lutté avec succès contre la faim et pourraient enregistrer, en 2025, un taux de sous-alimentation inférieur à 5 %, comme c’est déjà le cas en Egypte, au Ghana, au Mali, en Mauritanie, au Maroc et au Niger. Face aux énormes défis que doit relever l’agriculture africaine, dans un contexte d’explosion démographique et de changement climatique, les gouvernements doivent encore accroître leurs efforts pour que la Déclaration de Malabo ne reste pas lettre morte.   

06/12/2017
Le mot du Président

Après les rencontres de Québec

Avant de revenir sur nos Rencontres de Québec, j’ai le plaisir de vous présenter le nouveau site internet de la CICA, www.cica.ws, dont nous avions décidé la rénovation l’an dernier. Nous le ferons vivre, en particulier avec l’aide de nos partenaires de la Fondation FARM, pour qu’il soit une vitrine de notre association et un outil d’échanges. Echanges entre nous, sur les politiques agricoles et toutes les questions qui intéressent l’agriculture, l’agro-alimentaire, la ruralité et leur financement. Echanges aussi avec nos amis des Associations internationales régionales de crédit agricole et rural, en Afrique, en Asie, au Proche-Orient, en Afrique du Nord et en Amérique latine, dont l’action au service du développement est digne de l’intérêt et du soutien de tous.

Les Rencontres 2017 de notre Confédération, qui se sont tenues à Québec à la fin octobre, ont été d’une richesse reconnue par tous. Je veux en remercier tout particulièrement notre adhérent, La Financière agricole du Québec, ainsi que nos amis du Mouvement Desjardins, qui se sont mobilisés de façon exceptionnelle pour le préparer. En remercier aussi La Coop fédérée, le grand groupe coopératif agricole du Québec, qui s’est engagé à nos côtés.

Premier thème figurant au programme : « agriculture et changement climatique ». Le réchauffement climatique est devenu l’affaire de tous. Il affecte nos agricultures, partout sur la planète, en raison de la multiplication des phénomènes extrêmes : sécheresses, tempêtes, inondations, etc…

Mais au-delà de ce constat, les échanges de Québec ont permis d’expliquer le paradoxe auquel nous sommes confrontés. D’une part, l’agriculture et l’élevage sont responsables, à l’échelle de la planète, d’environ un quart des émissions de gaz à effet de serre. C’est considérable et nous avons donc un défi à relever pour réduire ces émissions. Mais à l’inverse, l’agriculture est aussi l’un des remèdes possibles les plus puissants au réchauffement climatique. De tout cela, nous avons débattu à Québec, avec des scientifiques de renom, des dirigeants et experts d’entreprise et d’organisations professionnelles, des dirigeants de banques et de compagnies d’assurance. Toutes leurs interventions sont disponibles sur notre site.

Deuxième thème de notre Congrès, tout aussi actuel : l’actualité politique et économique internationale à l’horizon 2018-2020, à la suite des changements politiques majeurs qui se sont produits depuis un an : élection de Donald Trump, Brexit, volonté de relance européenne, tensions à l’Est, au Proche-Orient et en Asie, etc… Les défis se sont multipliés, qui influent sur la marche du monde et le climat des échanges et des affaires. Toutes les interventions sur ces sujets sont aussi sur notre site.

Enfin, nos Rencontres ont donné lieu aussi à un « atelier » très important entre nos institutions et organisations sur les initiatives de coopération et de développement international que nous conduisons.

De tous ces échanges, de la forte participation enregistrée à ces Rencontres de Québec, nous pouvons tirer une légitime satisfaction. La CICA a été à la hauteur de sa mission : permettre des rencontres riches d’intérêt sur l’agriculture et l’état du monde entre dirigeants d’institutions bancaires, financières et d’assurances venus de tous les continents.

Jean-Marie Sander